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Jidre - l'aventure continue
7 mai 2010

La Folie des Hommes - petite trève

Comme les chapitres 3 et 4 dévoilent des détails clés de l'intrigue et que le chapitre 5, bien que ne dévoilant rien, possède des parties qu'on ne peut comprendre si on a pas lu ceux d'avant, je ne met en ligne qu'un court extrait du chapitre. Il s'agît du passage présentant (et c'est pas trop tôt) les véritables personnages principaux de l'histoire, c'est à dire Benkeld, Fenris, Grim, Ethel et Buchéna. Enfin, j'ai mis Buchéna dans le chapitre mais si Loïc ne se joint pas à nous, je la ferai quitter le groupe, trouvant que cette aventure est bien trop dangereuse (je vous ai dit que je romance à mort)

Promis, je remetterai tout dans l'ordre une fois que l'intrigue aura avancé...

Voilà, et si vous voulez, je vous imprimerai le truc une fois terminé si vous aimez pas le feuilleton en ligne.

Le soleil se levait lentement sur le petit village de Sarmegrine. Une petite brise fraîche parcourait les rues en se faufilant entre les pattes des chiens et dans les cheveux des hommes.

 

Dans la main de Benkeld se trouvait un petit sachet en cuir et chaque personne autour de lui le regardait en affichant un air inquiet.

 

«  Alors... Qu'est-ce qu'on fait ?

 

- Je pense, répondit une jeune humaine répondant au nom de Buchéna, qu'il serait préférable de le jeter dans une rivière et de partir loin et d'oublier. »

 

Tous se regardèrent encore une fois en silence. Ce petit sachet de poudre n'était qu'une source d'ennui de plus dans ce monde impitoyable. Mais la solution de la jeune femme ne paraissait pas être une solution pour tous.

 

Depuis que, se trouvant en possession d'un objet aussi énigmatique, Fenris, Grim et Buchéna étaient allé voir un chercheur que l'évolution des métiers avait nommé artefactologue, Benkeld, le dit-chercheur, récapitulait sans arrêts et avec une insistance inquiétante la gravité de la situation. Ils étaient en possession d'un sachet de poudre capable de soigner la folie d'un homme extrêmement dangereux qui, s'il mettait la main dessus, serait inévitablement remis sur pied et pourrait sans aucun doute semer le trouble dans la paix ambiante qui régnait de manière précaire sur le monde. Or, en tant que possesseurs du sachet de poudre et étant, pour la plupart, conscients qu'une telle chose ne serait souhaitable à personne, ils arrivaient très peu à s'entendre avec leur conscience sur une solution qui serait autant favorable au monde dans lequel ils vivaient qu'a leur propre vie.

 

Depuis la nuit des temps, il existait un terme générique qui illustrait laborieusement un des plus vieux concepts de l'univers. On appelait ça l'alignement. Il y avait les bons, ceux qui agissaient pour le bien de tous, et principalement pour le leur, et qui refusaient tout acte visant à réduire leur impact de bonté sur le monde. En gros, ils étaient dénués de sens logique et ne cherchaient qu'à ce que des familles inoffensives les adulent. Puis il y avait les mauvais, ceux qui ne rechignaient devant aucune action, ceux qui savouraient le plaisir qu'offre l'action de faire du mal aux autres. Et au milieu, il y avait les neutres, qui n'agissaient que pour leur bien, quoiqu'il se passe.

 

Ce concept manichéen avait pourtant beaucoup de mal à s'intégrer dans la vie des Terres de Farnos. Les gens agissaient comme bon leur semblait et nombreux étaient ceux qui différenciaient mal le bon du mauvais et agissaient comme leur dictait leur conscience première, c'est à dire stupidement. En outre, alors que l'avenir du monde était en jeu, les bons voulaient se débarrasser d'un fardeau trop lourd à porter, les mauvais voulaient sauver le monde d'une manière qui les feraient profiter d'une violence destructrice évidente et les neutres voulaient que le monde sombre dans la peur, sachant qu'ils arriveraient tant bien que mal à s'intégrer à un nouveau mode de vie. C'était un inversement des antiques valeurs du Bien et du Mal et les régisseurs de l'Univers avaient tracé un trait sur les Terres de Farnos après d'innombrables tentatives de rééquilibrage infructueuses.

 

Graham Franklin n'était ni un démon, ni un dieu, ni un mage noir très puissant, il était simplement un économe tellement puissant financièrement que le monde pouvait lui appartenir pour une pièce de cuivre. Or, de l'autre côté de la balance se trouvait une sorcière, avide de méchanceté et de sang, qui avait réduit l'homme d'affaire à un état légumineux pitoyable après une querelle pitoyable. Aider l'un équivaudrait à se mettre l'autre sur le dos et dans un cas comme dans l'autre, ce n'était pas souhaitable. C'est comme ça que raisonnaient les gens en général, sur les Terres de Farnos.

 

Du peu qu'il s'en souvenaient, c'était une diseuse de bonne aventure gitane qui leur avait donné ce sachet, leur disant qu'il pouvait faire beaucoup de mal et se gardant bien d'en dire beaucoup plus comme pour servir la volonté de plonger l'intrigue dans un trou sombre. Heureusement, les anciens possesseurs du sachet de poudre avaient des connaissances qui leur permirent vite de découvrir de quoi il s'agissait. Un sachet de poudre ayant la capacité de sortir le plus dangereux homme de la terre d'un état végétatif grave.

 

Le premier du groupe était un nain franchouillard, bon vivant et particulièrement costaud. On le connaissait sous le nom de Grim, bien que sa nature naine lui équivalait un nom bien plus compliqué à prononcer. Le second était un elfe, qui aurait pu devenir un très bon ménestrel si il n'avait pas croisé la route d'un livre de magie noire et n'avait pas dévié vers un côté obscur qui lui seyait plutôt bien. Il s'appelait Fenris et était le possesseur d'une parfaite réplique de la faux de la Mort que lui avait donné la Mort elle même, bien que ces souvenirs soient encore un peu vagues pour lui et ses compagnons. La troisième était une jeune femme au gabarit assez impressionnant répondant au nom de Buchéna, elle excellait dans la construction de yourte et dans le débitage de bûches de bois. En l'occurrence, elle se sentait parfaitement bien taillée pour éviter de se lancer dans une telle aventure. Ce qui était fort dommage pour elle car c'était à elle que la gitane avait donné le sachet de poudre, et ses compagnons avaient comme une envie de la punir pour avoir accepté une telle erreur de la part d'une inconnue. La quatrième était une grande huménaine répondant au nom de Ethel Théraa, elle venait à peine de rejoindre le groupe car elle ne connaissait que Benkeld, qui était aussi ici par défaut car il avait eu le malheur d'avoir les connaissances nécessaires pour identifier le contenu du sachet de poudre et connaître la terrifiante histoire de Graham Franklin. Ethel et Benkeld étaient amis depuis fort longtemps. C'était un lien assez fort qui s'était créé entre eux deux bien que l'inquiétante femme soupçonnait l'inquiétant bonhomme de camoufler un passé lourd derrière une trogne de vieux bibliothécaire.

 

Malgré les différences notables qui ornaient le groupe, il était en voie d'une soude solide et tenace. Fenris et Grim bourlinguaient ensemble depuis un petit moment déjà et la querelle séculaire qui rythmaient leurs différences raciales avait vite fait place à une complicité étroitement mêlée d'indifférence mutuelle. Il faut dire qu'ils en avaient vécu des aventures. Ils avaient couru à travers les mers à la recherche d'une statuette maudite, ils avaient combattu un clan nain ayant fricoté de trop près avec le Roi des Gobelins, ils avaient sauvé des étudiants de la grande école de magie d'Illuminapolis, chacune de leurs aventure les avait un peu plus rapproché. Leur groupe de deux avait été maintes fois complété par un troisième acolyte qui ne durait hélas jamais très longtemps, excepté feu le brave Lucro qui avait accompagné Fenris avant même qu'il rencontre Grim et la charmante Dae qui aurait préféré se raser les poils plutôt que de continuer à suivre ces deux antipodes destructeurs ambulants. Notons ici que, pour une raison évidente, Dae était le genre de personnage féminin charmant qui ne pouvait se permettre de se raser les poils pour répondre aux canons de beauté de tout univers d'héroic fantasy, en effet, il s'agissait d'une femelle homme-chat, une espèce qui tire son charme de sa soyeuse pilosité.

 

Un peu plus tard, ils avaient rencontré Buchéna, avec qui ils étaient descendus dans une crypte pour y tuer une reine Lyche. Buchéna avait réussi sans trop de mal à s'intégrer au rythme du groupe qui multipliaient les atrocités pour parvenir à leurs fins. Et voilà maintenant que, leur trio si nouvellement formé s'accaparait de deux nouvelles personnes qui, bien qu'encore moins concernés par cette histoire de poudre que le groupe qui s'était amené à eux, semblaient entrain à se lancer dans une telle aventure. Mais en réalité, Benkeld et Ethel, voyant assurément qu'on ne pouvait confier un tel fardeau à un elfe visiblement plus maléfique que le Maléfique lui-même avaient décidé de se joindre au groupe pour éviter toute erreur.

 

« Je récapitule, reprit Fenris après un long silence, si on donne ce sachet de poudre à Graham, on aura la sorcière sur le dos...

 

- Et bien plus, l'interrompit Benkeld, ayant réveillé une force aussi dangereuse, le monde entier voudra votre perte, sauf Graham Franklin, bien sûr.

 

- Et si on le donne à la sorcière, on aura Graham sur le dos.

 

- Parfaitement, mais attention, cette solution est en aucun cas préférable à l'autre, je veux dire, d'un point de vue qui concerne seulement votre vie. Graham Franklin a un allié de taille, il s'appelle Wel Tekeden, il est connu comme étant le Prince des Mercenaires et le danger que représente un homme de son acabit est immense.

 

- Je pense, intervint Buchéna dans sa mansuétude bonté, que la seconde solution est préférable, d'un point de vue qui concerne le monde. »

 

Tous la regardèrent et acquiescèrent, il était clair et net que, dans un cas d'espèce comme celui-ci, il valait mieux choisir la solution qui entraîne le moins d'ennemi possible. Dans le crâne de Fenris se forma une image représentant un monde chaotique gouverné par le pouvoir de Graham, avec à ses côtés, un Fenris tout fringuant ayant réussi à s'intégrer et lui servant de bras droit. Ayant remarqué que son compagnon divaguait dangereusement, Grim lui envoya un coup de genoux dans le tibia pour qu'il cesse tout de suite ses funestes anticipations fantasmagoriques. Fenris le regarda avec haine car le nain venait d'interrompre son rêve au moment où il poignardait Graham pour prendre sa place...

 

Ils chargèrent alors leur bagages et se mirent en route vers le château de la sorcière en pensant sérieusement que d'ici deux jours, cette histoire se terminerait par une grosse baston et qu'on irait tous boire une bonne bière pour fêter ça.

 

C'était, en général, ce qui se passait à chaque fois.

(...)

Bon allez, je met aussi l'introduction sur Trayne parce que j'adore ce passage...

Trayne était une sorcière paisible et tranquille mais la paix intérieure qui l'animait n'était que le pâle reflet d'une existence qui n'attendait plus rien. Elle était vieille, certes, elle avait vécu longtemps, contrairement à ce que disait son visage, rendu éternellement ravissant par un puissant sortilège. Et dès lors qu'une énergie négative et inerte animait une personne, on pouvait se poser des questions sur le sens du mot « animer ». Comme pour conditionner sa retraite poussiéreuse, son immense château de trois étages tombait en ruine, les corps squelettiques des gardes et des serviteurs gisaient encore dans les couloirs comme si quelqu'un avait oublié qu'on devait les nourrir pour qu'ils restent debout. La poussière était devenue maître des lieux, même si elle se disputait encore quelques coins sombres avec les toiles d'araignées. Une ambiance mortelle s'était installée dans les couloirs glauques et la quantité incroyablement faible d'âme qui vive ne trouvait repos qu'en parcourant les couloirs de long en large à la recherche d'une occupation.

Néanmoins, adepte de la nécromancie, Trayne n'avait pas abandonné son sort à la décrépitude et le personnel nécessaire pour la tenir en condition de vie assurée avait rapidement été remplacée par quelques morts-vivants. Malgré tous les efforts de la sorcière, un silence épuisant régnait dans le château et même l'ennui devenait une occupation mortellement ennuyeuse. Pour s'amuser, elle avait fait courir le bruit qu'une nouvelle vague de non-vie allait déferler sur le monde, espérant que des aventuriers au service de la destruction de « ceux-qui-ne-sauraient-vivre » viendrait se jeter dans ses miches et lui redonnerait l'énergie de faire le mal. Hélas, sa tromperie n'eut pas le succès escompté, car, en retard d'une bonne soixantaine d'année, elle ne savait pas que la création de golems et de morts-vivants était devenu une pratique courante sur les Terres de Farnos et que lorsqu'on annonçait tout haut d'un rire machiavélique qu'on allait créer à nouveau la non-vie, le plus souvent, on répondait « ha oui, tiens, ça me rappelle que mon golem pourrait me construire un truc dont je ne me servirait pas » ou « faudrait réveiller le zombie pour qu'il fasse des choses qu'on trouve trop ingrates pour faire soi-même ».

 

Pourtant, quelqu'un avait répondu, un certain Sturin Rougemer s'était levé, criant tout haut qu'une telle pratique était une insulte à la vie. Il avait suivi les indications pièges de la sorcière et s'était rendu, céans, sans hésitation, à son château.

 

Après avoir marché dans des souterrains vides, il était tombé au fond d'une trappe et s'était cassé la jambe. On peut être certain que Trayne n'a jamais eu vent de l'existence de ce type car, ne pouvant se déplacer, le jeune Rougemer était mort tout seul dans son oubliette.

 

Depuis cet échec cuisant, Trayne n'avait plus rien tenté et s'offrait le luxe d'une retraite pleine d'ennui et de cafards.

 

Cependant, ce qu'on lui annonça aujourd'hui la sortit d'un long sommeil d'inertie. Avant tout, elle hurla de colère, puis elle se calma et regarda Fuiniant, son horrible familier qui roulait des yeux ronds craintifs.

 

« Qu'est-ce que tu peux être laid » dit-elle...

 

Elle se leva de son immense fauteuil en cuir et se dirigea vers sa bibliothèque.

 

« Mon cher et laid serviteur, reprit-elle en cherchant un livre dans les étages, aujourd'hui, la cruelle Trayne va se réveiller pour un dernier combat... »

 

La créature frémit et roula encore des yeux. Elle émit un borborygme indescriptible et tapa du pied.

 

« Je ne laisserai personne détruire ce que j'ai fait. Prenons les armes, Fuiniant ! Et offrons-nous une dernière et maléfique gloire avant de sombrer dans le néant. »

 

Le grognement de Fuiniant laissait entendre qu'il n'avait pas vraiment envie de sombrer dans le néant car il lui restait encore beaucoup de temps à vivre, son espèce ayant une espérance de vie supérieure à celle des humains. Fuiniant était, malgré tous ses défauts, plutôt intelligent.

 

« L'heure du dernier combat a sonné. Lorsque nous auront vaincu nos ennemis, nous siroterons chacun un bon verre de cognac dans lequel nous aurons préalablement versé deux gouttes de cyanure, puis, nous nous étreindront sur le lit de soie et la mort nous prendra tous les deux, inséparables »

 

Fuiniant déglutit. Ce n'était pas que Trayne n'était pas à son goût, mais il n'avait vraiment pas envie de mourir ainsi et voir sa maîtresse perdre ainsi la raison lui glaçait le sang. En pensant à ça, il se demanda si sa maîtresse avait déjà eu un comportement normal.

 

« Il est temps d'en finir avec notre morne vie, je suis belle et je décrépit, tu es moche et tu ne sert plus à rien. »

 

Fuiniant lâcha un nouveau grognement de protestation. Il servirait sûrement à quelque chose s'il rejoignait son village avec toute sa famille qui ne le trouvait pas si moche que ça.

 

De son côté, Trayne avait trouvé le livre qu'elle cherchait. Ce n'était pas un grimoire ancien chargé d'une magie antique surpuissante. C'était un simple annuaire. Elle se saisit d'un globe de communication à distance et suivit les indications qui se trouvaient dans l'annuaire.

 

Lorsqu'elle eut fini, elle se tourna de nouveau vers son affreuse créature et lui afficha son sourire le plus dérangeant qu'elle n'avait pas affiché depuis bien longtemps.

 

« Et pour être sûrs que nous finirons comme nous l'avons prédit, j'ai appelé Mormart et sa gentille sœur, quand à Miado, il se charge du reste... »

 

Puis elle laissa éclater un rire tonitruant plein de cruauté. Quand à Fuiniant, il roula des yeux, s'épongea le front avec le tapis et déglutit encore une fois.

 

Alors c'était comme ça, le destin, il finirait donc sa vie entouré d'une bande de malade mentaux...

 

 

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